Tu m’…
Texte anonyme
Tu m'appelles, maman, mais je ne t'entends plus. Je pense que je n'entends plus rien depuis le début de l'adolescence. Pardon, pas je n'entends plus mais je ne ressens plus, je passe à côté des choses les plus nécessaires de la vie. Je n'ai pas profité de notre dernier voyage à la mer, j'étais trop occupée à penser à mon dix-septième copain de l'année qui ne me répondais pas. Tu m'avais dit que je psychotais. On regardait les vagues et (pause) d'un coup j'ai eu envie de me jeter de la falaise, pourtant j'ai une belle vie. On est rentrées à la maison, (dégoût) ce lieu vide qui ne me fait rien ressentir. J’ai passé la nuit à regarder le plafond en me creusant la tête. Je fais trop d'effort pour mon amoureux. De toute manière, il va me laisser. Je vais devoir le quitter. Lui et mes amis. Sinon c'est eux qui vont m'abandonner. (Parle vite avec un certain dégoût de soi)
Pour oublier je m'ouvre une bouteille seule dans ma chambre, elles s'entassent avec les autres, tu les vois maman fais pas semblant, c'est toi qui me ramasse quand je chiale comme une gamine. Je ne supporte pas d'être seule une putain de seconde… (désespoir) je supplie un mec que je connais même pas de ne pas m'abandonner en lui disant que je l'aime. Je ne connais même pas son nom. Je saute de relation en relation, ça ne veut plus rien dire. Comment c'est possible de ressentir autant et si peu à la fois? (Déception de soi, elle n'en revient même pas elle même)La semaine dernière j'ai envoyé vingt-quatre messages à mon copain, des paragraphes larmoyants dans lesquels je lui donnais toutes les raisons pour lesquelles il allait me laisser. Il est parti. J'avais raison. Avant hier, j'ai envoyé chier mes amis, ils allaient aussi partir alors autant s'en débarrasser au plus vite. C'est seulement cette nuit que j'ai compris que j'étais malade, j'ai pleuré parce que c'est pour les autres la maladie mentale, moi je suis normale, juste avec quelques petits problèmes à me gérer… mais il y a toujours des thérapies, au cas où tu te sentes obligée de m'y envoyer… j'ai même écrit le numéro de téléphone d'une psychologue réputée proche d'ici. Juste au cas où.