Soucis d’une fille-femme
Texte de Myriam
Encore, je suis encore assise dans le bureau de l’infirmière, mon cœur battant cent-mille à l’heure et mon envie de disparaitre retentissant plus fort dans mes tympans lourds. Qu’est-ce que je fais encore ici? Cela fait déjà deux semaines que je quitte la classe comme un soleil faisant place à la nuit sous prétexte - ou est-ce un prétexte? – d’anxiété, de cœur battant, de « mental breakdown ». Je pleure en sortant de classe, tremble, halète car mon cœur, mon esprit me supplient de sortir de cet enfer stressant. On m’a toujours dit que la maladie mentale était un événement fort et choquant. Qu’il te paralysait. Mais si ce n’était pas ça?
Ma logique se frappe contre mon instinct, me disant que je peux le faire, mais que je ne le fais pas, par pure hypocrisie sourde. Mais je ne peux plus, je ne veux plus. Je suis comme moteur sans huile, une voiture, laissée à l’abandon sur une voie achalandée haute vitesse. Pendant que les autres passent, je me demande ce qui ne marche pas, qu’est-ce qui me retient de continuer. Et je reste. Pourtant, je ne suis point paralysée, non? Me voici en train d’écrire, de clamer tout haut ce que d’autres gardent touts bas; j’ai la dépression !! Je pensais que celle-ci te rendait incapable de socialiser, de rire, mais, pourtant, même avec ce fardeau lourd, je parle, socialise et même par de rares occasions trouve un vent de bonheur. Est-ce que cela fait de moi une personne dite « normale »? Ai-je vraiment cette maladie mentale décrite comme handicapant?
Me voici en secondaire 5, où mes derniers souvenirs d’une enfance « insouciante » sont gravées, en train de me soucier. De ma vie, de mon futur. Dans cette fine ligne entre la fille et la femme, j’observe mon futur, réconciliant mon passé et profitant de mon présent, car, comme mes tantes répètent « Profites-en quand t’es jeune! ». Ah oui, profiter. Un mot assez… vague. Avec une connotation positive oui, car on ne dirait pas « je profite de mon malheur » (même si cela se citerait assez bien). Mais qui peut se rentrer dans n’importe quelle situation, à défaut que tu puisses avoir le temps. Profiter de la vie, de ses mystères, de ses tourments. Mais comment peut-on le faire si chaque seconde compte dans ce monde accéléré et que chaque travail mange un morceau de plus dans tom temps minime? Le temps est relatif, oui, mais que faire quand un an semble être avant-hier?